mercredi 4 avril 2012

Business

L’Economie du sport en temps de crise : vers de nouveaux modèles de croissance ?

Le 29 mars dernier au siège du MEDEF se sont tenues les Assises Sporsora de l’Economie du Sport.

Cet événement représente un moment fort pour le secteur du sport d’autant plus que le thème invitait à réfléchir aux modèles de développement futurs.

Comme nous vous l’avons présenté dans un article précédent, de nombreux experts étaient présents et ont débattu autour de cette problématique.

Voici les grandes idées qui sont apparues lors de cet événement...


Des perspectives mondiales très encourageantes

Pour commencer cette journée, Matthieu Aubusson est venu présenter l’étude faite par PricewaterhouseCoopers au sujet des perspectives de croissance du marché du sport pour la période 2011-2015.

Il a tout d’abord énoncé quelque chose de rassurant, expliquant que, malgré le contexte de crise que connaissent la France et le monde dans sa globalité, le secteur du sport était en croissance. En effet, même si l’on peut observer une différence notable de taux de croissance entre les années paires (pendant lesquelles il y a de grands événements sportifs) et les années impaires, il n’en demeure pas moins vrai qu’une croissance cyclique existe.

Ainsi, PwC prévoit une progression de 3,7% du marché mondial par an entre 2001 et 2015, et même de 4,7% si l’on intègre les grandes manifestations sportives des années paires, comme les JO de Londres en 2012, ceux de Sotchi en 2014 ou bien encore la Coupe du monde de football au Brésil la même année.

Au niveau mondial, ce sont les pays émergents, avec un taux de + 4,9% par an, qui connaîtront la croissance la plus forte sur la période d’étude devant l’Amérique du Nord (+4%), l’Asie Pacifique (+3,9%) et la zone EMEA (2,9%).

En ce qui concerne les sources de revenus du sport, Matthieu Aubusson en a identifié quatre : la billetterie (première source au niveau mondial), le merchandising, le sponsoring et les droits médias. Notons en outre qu’en France, c’est le levier du sponsoring qui portera le marché français avec des prévisions de la part de PwC de l’ordre de 5,2% par an en moyenne jusqu’à 2015.


Les valeurs du sport au cœur des nouveaux modèles de croissance

Lors de la plénière consacrée au thème : « L’Economie du sport en temps de crise, vers de nouveaux modèles de croissance », de nombreux acteurs issus du monde de la politique, des institutions sportives nationales, des spécialistes du marketing sportif et un ancien champion ont donné leur avis sur cette thématique. Sans entrer dans le détail des propos de chaque intervenant, on retiendra deux idées communes dans les échanges de ces experts :

- Pour continuer à être attractif et à croître, le marché du sport doit sécuriser les valeurs qui caractérisent le sport, à savoir l’émotion qu’il suscite grâce à l’incertitude du résultat. En effet, ce qui est à éviter pour les acteurs de l’économie du sport, c’est sa banalisation.

- En outre, pour que les entreprises continuent à investir dans le sport, il semble important de réussir à trouver des outils afin de mesurer plus précisément l’impact du sponsoring pour les entreprises et trouver des normes.


Le retard français en matière de stades et d’Arenas est un frein pour le sport français

« Les stades et Arenas peuvent-ils contribuer au développement local ou sont-ils des investissements non légitimes en temps de crise ? », c’est avec ces mots que le tour de table dédié aux stades et Arenas a été ouvert lors de ces Assises. Comme pour les autres conférences, des acteurs de prestige étaient présents pour débattre sur ce thème.

« Un manque de culture des grandes enceintes »

Selon Stéphane Pottier, Vice-Président de Lagardère Unlimited Stadium, la France n’a pas de culture des grandes enceintes et cela est fort dommageable pour elle et pour le sport français. En effet, il a expliqué que le virage n’a pas été pris lors de la Coupe du monde 98 et que la réussite du football français passera par la formidable opportunité que représente l’Euro 2016.

Par ailleurs, c’est au niveau des Arenas françaises que le bât blesse car elles ne sont pas en adéquation avec celles que l’on peut trouver en Europe (moyenne de 4400 places en France contre 18 Arenas de plus de 10000 places en Allemagne notamment). Ce retard est, selon les experts, en corrélation avec la faible compétitivité des sports de salle en France.

Même constat chez Mathieu Van Veen, Vice-Président d’AEG Sports Europe, pour qui un cercle vertueux devrait exister entre la culture et le sport en France, ce qui permettrait de construire des salles multifonctionnelles s’adaptant à la fois aux concerts et aux sports de salle.

Pour illustrer cette nécessité, Mathieu Van Veen a présenté brièvement ce qui s’était fait en Europe, comme par exemple la « magnifique » O2 Arena de Londres qui accueille des méga-concerts mais aussi des matchs de préparation de NBA. L’enjeu avec le futur Bercy est donc de pouvoir répondre à tous les types de demande en matière de spectacle, que ce soit sportif ou culturel.


L’évolution vers un modèle de financement mixte est inéluctable

Après ce constat plutôt négatif du marché des Arenas en France, le tour de table s’est orienté vers une question cruciale : comment financer ces infrastructures ?

Pour traiter cet aspect, deux experts sont intervenus. D’un côté Frédéric Thil, Directeur Général de Ferrero, qui est revenu sur l’opération de naming réalisée avec la « KindArena » de Rouen. De l’autre, Christian Rasoamanana, Responsable PPP et Financement de projet du cabinet PwC, a expliqué que désormais, les modes de financement Public/Privé étaient le moyen conseillé en France pour ce type d’infrastructure.

En effet, le modèle de financement uniquement public, bien qu’encore majoritaire, ne semble plus faire l’unanimité auprès des dirigeants de clubs sportifs. A l’opposé, le modèle uniquement privé, ne fournit pour l’instant pas assez de garanties de rentabilité pour les banques et reste fortement exposé aux aléas sportifs. Ainsi, le modèle Public/Privé qui se développe actuellement est à la fois un gage de sécurité pour les banques et préserve une certaine liberté pour les clubs.

Pour illustrer ces nouveaux modèles, Laurent Munier, Manager Général du Chambéry Savoie Handball ainsi que Paul de Keerle, Directeur Finances et Administration de la FFR sont venus parler de leurs projets respectifs : la salle de Chambéry pour le premier et le projet de Grand Stade de la FFR pour le deuxième.

Le mot de la fin est revenu à Frédéric Thil qui a expliqué que le développement des stades peut être un remède à la crise. Par ailleurs, dans le financement des infrastructures, le porteur privé doit avoir de la légitimité dans le lieu d’implantation pour que le partenariat lui soit bénéfique.


Des enjeux à bien maîtriser pour les médias

La plénière consacrée aux médias a elle aussi réuni un plateau exceptionnel d’experts. De nombreuses questions ont été abordées comme celle de l’arrivée dans le domaine du sport de la chaîne de télévision d’origine qatarie Al Jazeera. Par ailleurs, comme dans les autres domaines, de nombreuses opportunités se présentent comme en témoigne la future apparition d’une chaîne sportive entièrement gratuite sur la TNT (l’Equipe HD) ou encore l’apparition de nouveaux sport sur les canaux audiovisuels (la natation par exemple).

Pourtant, ce qui est revenu de manière sempiternelle dans les propos des intervenants concerne les menaces auxquelles doivent faire face les médias. Deux d’entre elles ont été mises clairement en évidence :

- Le streaming qui constitue un manque à gagner énorme pour les entreprises de médias puisque des « pirates » permettent aux internautes de regarder gratuitement des matchs retransmis sur des canaux payants.

- Les paris truqués qui sont une menace majeure non seulement pour les médias qui diffusent le sport mais également pour l’intérêt du sport en lui-même.

Ceci étant, les médias connaissent ces dangers et tentent au quotidien d’y faire face. Les médias ont donc encore de beaux jours devant eux !

Cette journée riche en enseignements et en débats passionnants a été conclue par Laurent Damiani, Président de Sporsora. Le bilan est donc positif et la confiance doit être le leitmotiv pour le secteur du sport qui peut compter sur sa puissance dans les médias, sur de nouvelles opportunités à venir grâce aux grands événements et à travers les nombreuses possibilités que proposeront les marchés émergents.

« Soyons ambitieux et ayons confiance en nous ! »

C’est avec ces mots d’optimisme que Laurent Damiani a laissé la salle applaudir une dernière fois. Vous pouvez retrouver le communiqué de presse ainsi que des photos de la journée sur www.sporsora.fr ou sur le site du MEDEF.
J-B C

1 commentaire:

  1. José Pavouldir5 avril 2012 à 16:48

    Journée intéressante, j'ai suivi une grande partie des débats sur le webtv du medef.

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