mercredi 29 février 2012

L'invité du blog

Quel porte-drapeau français à Londres ?
 
Par Benoît PONTON
   
Episode 2/2 : Présentation des candidats à la fonction de porte-drapeau
     

Jeux Olympiques : J-150
  
Les XXXe Jeux Olympiques vont se dérouler à Londres du 27 juillet au 12 août prochain. Ces Jeux auraient pu se dérouler à Paris, dans notre capitale française. Ils auront finalement lieux chez nos voisins anglais, comme en a décidé le Comité International Olympique (CIO) le 6 juillet 2005 à Singapour, au terme d’une bataille serrée entre les deux candidatures.
 
Etre le capitaine de l’Equipe de France pour des Jeux Olympiques à domicile révèle forcément d’un statut particulier. Si les Jeux Olympiques 2012 ne se déroulent pas en France, le choix du porte drapeau est toutefois fortement attendu…
     
  
Un Tony peut-il en cacher un autre ?
  
Après Tony Estanguet, porte-drapeau en 2008, Tony Parker pourrait l’être en 2012. En tout cas, il s’est officiellement déclaré comme intéressé par cette fonction. Sur Facebook, le groupe « Pour que Tony Parker soit porte-drapeau français aux JO » créé en septembre 2011 compte à peine 200 fans. Mais son nom est désormais régulièrement cité.

Depuis quand un sportif se déclare de lui-même pour être candidat ? Démarche inédite, qui n’est pas du goût de tous ! Être le porte-drapeau de son pays, dans la plus grande et la plus belle manifestation sportive planétaire, c’est un honneur qui ne se décrète pas soi-même. Nul besoin de se déclarer comme postulant à cette mission lorsque sa carrière sportive plaide naturellement pour soi. Ce n’est pas une campagne politique comme les « présidentielles ». On vous nomme porte-drapeau par rapport à votre carrière, votre image et vos valeurs, par un jury de personnalités expert et reconnu dans ce domaine. Victime d’arrogance, démarche de politique américaine ? Parker « ignorant de la démarche habituelle », comme il l’a déclaré, a peut-être fait une erreur…

Si Tony Parker est choisi, ce sera clairement la volonté de donner un tournant encore plus accrue au « sport business » dans le milieu de l’olympisme. Bien sûr, il ne faut pas se voiler la face, et encore moins cracher dans la soupe. Le travail réalisé par Juan Antonio Samaranch, président du CIO de 1980 à 2001, pour démocratiser et renforcer l’aspect financier des Jeux Olympiques est notoire. Mais rompre avec toutes les traditions serait une atteinte à l’esprit olympique (voir dernière partie).

L’opinion publique a parfois tendance à confondre la notoriété d’un sportif et son véritable palmarès sportif. Il ne s’agit pas de dénigrer l’immense talent de « TP » dans ce sport mondial qu’est le basket-ball mais de montrer qu’au niveau olympique, il ne présente pas le palmarès le plus emblématique du sport français actuel. La déclaration de Tony Parker, n'est-elle pas en quelques sortes un « affront » fait aux nombreux autres sportifs qui peuvent prétendre à cette nomination ? Il est très célèbre, mais son palmarès ne plaide pas forcément en sa faveur. Trois fois champion NBA (2003, 2005 et 2007), vice-champion d’Europe 2011 et 3e en 2005, what else ? Il participera pour la première fois cet été à Londres aux Jeux Olympiques, et sans doute la dernière. Comment un athlète qui n’a encore jamais pris part aux JO peut-il se déclarer comme candidat pour être porte-drapeau de manière aussi affranchi ?

A sa décharge, en se déclarant, c’est vrai qu’il montre son amour pour la grande manifestation sportive mondiale, malgré une vie sur la planète « NBA » (dans le cœur du sport pro) complètement déconnectée du reste du monde. Dans l’esprit de Tony Parker, se déclarer candidat pour être porte-drapeau, est certainement lié à une volonté de rendre service au sport français, en y apportant une contribution encore plus marquante. Lui qui participe déjà au développement du basket-ball national, par l’intermédiaire de l’argent qu’il investit dans le club de l’ASVEL (Villeurbanne).

Il est vrai qu’il a souvent clamé son amour pour le maillot de l’équipe de France. Il s’est battu avec les assureurs et son club de San Antonio Spurs pour pouvoir disputer les championnats d’Europe de Basket-ball de septembre dernier avec l’Equipe de France. Véritable « star US », il incarne la fougue américaine et libérée ; la pression, il ne connait pas. Être porte-drapeau de l’Equipe de France Olympique serait une manière pour lui d’être aussi un porte-parole. C’est lourd et nerveusement prenant mais il aime s’exprimer dans les médias. De plus, cette mission semble plus facile à assumer lorsque l’on est volontaire à le faire.  Il semble en avoir envie et il est prêt dans sa tête pour ce rôle. En tout cas, il a les moyens d’exercer un intense travail de lobbying pour obtenir cet honneur. Son émission hebdomadaire (tous les lundis de 20h à 21h) sur la radio RMC lui confère une tribune régulière.
        
   
Les femmes à l’honneur
Sur les vingt Français qui ont eu la joie d’entrer en tête de cortège pour notre nation, il y a eu seulement deux femmes : Christine Caron en 1968 à Mexico et Marie-José Pérec en 1996 à Atlanta. Très insuffisant ! C’est la raison pour laquelle, selon moi, la France doit confier cette mission à une femme cette année. Les femmes participent aux Jeux depuis la seconde olympiade en 1900. Bien que les françaises n’aient remporté que 7 médailles lors des derniers JO (1 or, 2 argent et 4 bronze), c’est justement une occasion de confier ce rôle à une femme afin de mettre en lumière les sportives.

Qui alors ? Un nom s’affirme… celui de Laura FLESSEL. Elle pratique l’escrime, sport traditionnel olympique et gros pourvoyeur de médailles françaises. Double championne olympique à l’épée en 1996, elle va disputer sa 5e olympiade à 40 ans. Une expérience non négligeable pour remplir ce rôle. Son palmarès est certainement le plus impressionnant de tous les athlètes français qui vont participer aux Jeux : 5 médailles olympiques (2 or, 1 argent, 2 bronze), 13 médailles mondiales (6 or, 3 argent, 4 bronze), 6 médailles européennes (1 or, 5 bronze), 15 fois championne de France. Petit bémol, les épreuves d’escrime débutent dès le lendemain de la cérémonie d’ouverture. « La guêpe » sera-t-elle capable d’enchaîner les deux ?

Quitte à nommer un athlète d’un sport collectif, je propose Sandrine SOUBEYRAND. En plus d’être une femme, elle peut se prévaloir d’être la capitaine de l’Equipe de France de football féminin. Elle détient le record de sélections, avec le nombre incroyable de plus de 175 matchs joués en bleu. Son équipe a fait rêver la France lors du mondial 2011, terminé à la quatrième place.

Laure MANAUDOU ne serait-elle pas une « outsider » de choix ? Ses dernières sorties dans les bassins permettent de croire à une possible qualification olympique sur le 100m dos. Elle qui fut la plus grande nageuse du monde de 2004 à 2007, marqué notamment par trois médailles olympiques aux JO 2004 (une dans chaque métal) et par des titres mondiaux. Elle a désinhibé la natation française. Derrière elle, une génération entière de nageurs de l’hexagone s’est engouffrée et réalise aujourd’hui de nombreux podiums internationaux. Laure avait séduit la France entière par son sourire et sa simplicité. Ne ferait-elle pas une très belle « porte-drapeau » ?
    
      
Le souffle du porte-drapeau…
La tradition veut que les porte-drapeaux aient déjà obtenu une médaille dans une olympiade précédente. Faut-il rompre avec cette coutume ? C’est l’une des questions que devra se poser le comité de sélection. Ces dernières années, exception faite de Jackson Richardson en 2004, les porte-drapeaux étaient tous champion olympique en titre : Jean-François Lamour en 1992, Marie-José Pérec en 1996, David Douillet en 2000, Tony Estanguet en 2004. Pérec et Douillet ont même réussi à devenir chacun champion olympique une nouvelle fois tout en étant le porte-drapeau de la délégation.

S’il y a quelques décennies, le rôle du porte-drapeau n’était pas aussi majeur qu’aujourd’hui, c’est désormais une mise en lumière extraordinaire. Cela peut être un tournant pour la carrière d’un sportif. Tony Estanguet, après avoir rempli cette fonction en 2008, est maintenant candidat pour rejoindre les 115 membres du CIO (dans le contingent des 15 places réservé aux athlètes olympiques). Le choix doit-il se  porter uniquement sur le sportif qui a le plus beau palmarès ? Le porte-drapeau est aussi le garant de l'image et des valeurs de la France. Il doit avant tout représenter de manière  digne et séduisante notre pays. L'image qu'il renverra durant les deux semaines des Jeux Olympiques sera celle de toute une nation.

Tous les sportifs cités devront bien entendu être qualifiés à la compétition olympique pour pouvoir prétendre à être porte-drapeau de la délégation française. C’est déjà le cas de Tony Parker, Nikola Karabatic, Jérôme Fernandez, Sandrine Soubeyrand (sous réserve qu’ils soient naturellement sélectionnés par l’entraîneur de l’équipe de France de leur sport), Julien Absalon (en tant que champion olympique en titre). Alain Bernard, Christophe Lemaitre, Teddy Riner, Laura Flessel, Laure Manaudou ne le sont pas encore officiellement mais seront très probablement à Londres l’été prochain. Le 10 juin, les lignes seront plus claires sur les athlètes qualifiés. Espérons en tout cas que la nomination du porte-drapeau insufflera un vrai dynamisme à l’équipe de France.

Pour rappel, la France avait terminé au 10e rang en 2008 avec 41 médailles, dont seulement 7 en or (6e au nombre de médailles total, mais le classement s’établit sur le nombre de médailles d’or). L’objectif n’est-il pas de faire mieux ? L'Équipe de France a une belle occasion de faire mieux qu’il y a quatre ans, à quelques kilomètres seulement de chez nous. Le porte-drapeau aura alors ce rôle de stimuler les bleus…

Retrouvez l’épisode 1/2 ici :
http://sport-and-blog.blogspot.com/2012/02/linvite-du-blog_27.html#more

2 commentaires:

  1. Moi je vote absalon ou flessel parce que leurs palmarès sont impressionnants et pour moi ils représentent vraiment l'olympisme et ce serait un honneur pour eux et pour la France que de nommer un des deux.
    J'aime beaucoup Karabatic aussi mais je trouve que les sports co sont tout le temps représentés dans les médias et qu'il serait bien de mettre a l'honneur des sport individuels..
    sinon très bonne série qui a le mérite d'être claire et complète

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  2. Et pourquoi pas Jeannie Longo (triple lol).

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