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Le Trophée des Champions : une vitrine pour le football français ?
  

Le trophée des champions ou Challenge UJSF est un trophée officiel de football crée en 1995.

Il est co-organisé par l’Union des journalistes de sport en France et la ligue de football professionnel au début de chaque saison et oppose le vainqueur de la coupe de France au champion de France. 

Alors que depuis sa création il se joue dans divers stades de province, à partir de 2009, la Ligue de Football Professionnel a décidé de délocaliser ce match, ou plutôt selon les propos de Frédéric Thiriez de « l’exporter »...

         
  

Des enjeux économiques de premiers plans

En 2009, le trophée s’est joué outre Atlantique et plus précisément à Montréal. En 2010 et 2011, le Maghreb a été à l’honneur puisqu’il a été organisé successivement à Tunis puis à Tanger. Pour cette année, selon le quotidien L’Equipe,  le trophée des champions devrait se tenir à New York. Pourquoi un tel choix, alors que l’on sait que le soccer n’a que très peu d’importance aux Etats-Unis ?

D'après le président de la LFP, la France souffre de deux retards fondamentaux par rapport à ses voisins espagnols et anglais. Le premier est le retard financier audiovisuel, qui pénalise les clubs de football français et le second est le manque de visibilité au plan international. Le but de l’« exportation » de cette compétition est donc de pallier à ces retards et de placer le football français sur le podium des meilleures nations européennes (la France est actuellement à la 5^ème place). Pour ce faire, il ne suffit donc pas de former des jeunes talents, mais il faut également que le football français réponde aux exigences financières et audiovisuelles.

Même si les lieux des nouvelles éditions du trophée des champions a soulevé de nombreuses interrogations chez les journalistes et même chez les joueurs (surtout l’édition 2009 à Montréal), il demeure que sur les plans économiques et audiovisuels, les résultats ont été assez encourageants et positifs.  En effet, en 2009, le match a été diffusé dans une quinzaine de pays dans le monde et a permis d’ouvrir une fenêtre sur le continent américain, puisqu’un an plus tard, en 2010, la Ligue 1 a été vendue spécialement au Canada à TNL.

En 2010, le match a été acheté par le diffuseur officiel de Tunisie Nessma, qui grâce à ce match a réalisé 36% de part d’audience, preuve que cette affiche (OM-PSG) est très appréciée de l’autre côté de la Méditerranée.  En organisant la XVIIe édition au Maroc, la LFP a poursuivi sa stratégie de développement en direction du monde arabe, qui est au cœur de l'organisation des grandes compétitions de football mondial (le Maroc organisera la CAN en 2015, le Qatar la Coupe du Monde en 2022). En outre, la signature avec Al Jazeera Sports d'un accord sur les droits audiovisuels internationaux de la Ligue 1 pour six saisons sportives à compter de 2012/2013 illustre les efforts menés par la LFP sur cette région du monde.

Par ailleurs il est à noter que jusqu’en 2009, l’affluence maximale pour ce match était de 30 529 spectateurs lors d’un OL-PSG à Gerland. Or, depuis sa première délocalisation à Montréal en 2010, les affluences ont été respectivement de 34 068, 57 000 et 33 900 spectateurs. On observe donc bien que cette rencontre, qui ne revêt qu’une importance assez anecdotique, attire de nombreux spectateurs lorsqu’elle est délocalisée.
   
   

La diffusion à l’international, une nécessité pour le football français

Cette volonté de se développer à l’international de la part du football français  a également porté ses fruits pour ce qui est de la diffusion. En effet, La saison 2010/2011 a été marquée par la signature par Canal+ Events (qui commercialise la Ligue 1 à l'international) d'accords de diffusion en Italie (Sportitalia) et en Allemagne (Eurosport), qui complètent une diffusion européenne de premier plan (33 pays couverts). 
La Ligue 1 est aujourd'hui très bien exposée en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Une série d'accords signés dès le début de la saison 2010/2011 a offert une diffusion sur televisa Deportes Network en Amérique Centrale, et sur ESPN Latin America et Direct TV en Amérique Latine. Enfin, la Ligue 1 poursuit sa percée sur le continent asiatique, par la signature de nouveaux accords en Indonésie (Channel O), au Japon (J-Sports), à Hong Kong (Now TV), et en Birmanie (Skynet). 
La Ligue 1 est diffusée par 80 diffuseurs dans 180 pays dans le monde, et commentée en 54 langues.

Le choix de New York comme lieu de la XVIIIe édition est donc motivé par la volonté de gagner toujours plus de parts de marché en Amérique du Nord. Peut-être que la présence de notre Titi national (Thierry Henry) dans la « Big Apple » y est aussi pour quelque chose.

Nul doute que le football français souhaite, et est en train, de rentrer dans une nouvelle dimension, et le trophée des champions et surtout l’arrivée d’investisseurs étrangers avec tout ce que cela implique (recrutement de stars et Al Jazeera qui développe la diffusion de la Ligue 1 dans les pays du Golfe et dans le monde arabe) y sont pour beaucoup.

Les enjeux économiques, financiers et audiovisuels sont donc au cœur de la volonté de délocalisation de cette rencontre de début de saison. Par ailleurs, on peut se poser la question de la pertinence d’un tel choix pour la forme des joueurs, puisqu’il est souvent dangereux de proposer de tels décalages horaires pour les organismes en pleine période de reprise et de préparation.

Et vous, pensez-vous que de la délocalisation du trophée des champions soit une bonne chose pour le football français ?

J-B C