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La nouvelle ambiance du Parc des Princes
     

PSG-Montpellier, le dimanche 19 février 2012...

D'après de nombreux habitués, l’ambiance du Parc des Princes a beaucoup changé ces deux dernières saisons.  

La mise en place du plan Leproux de lutte contre la violence, puis l’arrivée des Qataris ont profondément bouleversé l’atmosphère autour du club de la capitale.

Les tribunes sont moins bruyantes qu’auparavant alors que le PSG domine la Ligue 1. Et pendant ce temps, le club développe des animations autour des matchs pour séduire un nouveau public.

    

Dimanche dernier, vers 20h

J’arrive devant le Parc des Princes. Les spectateurs se bousculent déjà pour entrer dans le stade, une heure avant le coup d’envoi du match au sommet de la Ligue 1 : PSG-Montpellier.

Dix minutes plus tard, après une fouille complète, me voilà dans ma tribune. Nous avons tous le droit à un cadeau : le drapeau du PSG, réservé à l’entrée des joueurs mais déjà agité un peu partout dans le stade.

Les « quarts de virage » sont déjà bien garnis, les virages sont presque pleins. Seule la tribune présidentielle est quasi-vide. Il parait que les « riches » arrivent toujours au dernier moment.

Une première animation a lieu, elle s’appelle le « Tir-Radar ». Les heureux candidats tirent le plus fort possible dans un ballon, et la vitesse de frappe est mesurée. Le gagnant approche les 100km/h, et remporte un cadeau offert par un sponsor du club.

Et puis ça chambre déjà côté parisien. Boulogne et Auteuil se répondent poliment sur l’air du fameux « Paris est magique ». En même temps, les joueurs s’échauffent.

Une sorte de ballon dirigeable se promène sur la pelouse. En dessous de celui-ci,  une bâche volante sur laquelle il est inscrit la devise « Ici c’est Paris » est accrochée. Le Parc, quant à lui, a été rhabillé pour l’hiver : on peut lire les phrases « Rêvons plus grand » et « Fiers de nos couleurs » inscrites sur la couronne du stade. On nous rappelle aussi qu’on est bien dans l’antre du « Paris Saint-Germain FC ».

Le speaker fait monter la pression. Il nous propose de nombreuses vidéos grâce aux écrans géants : un résumé de la victoire du PSG au match aller à Montpellier, le Top 5 des plus beaux buts parisiens de la saison, une vidéo de Bisevac avant qu’il ne reçoive son trophée UNFP de meilleur joueur de Ligue 1 du mois de janvier, le tout encadré de quelques publicités… A part ça, la musique est un peu forte.

La composition des équipes est donnée par un speaker en grande forme. Curieusement, tous les joueurs de Montpellier s’appellent « enculé » si l’on en croit les cris des supporters parisiens. Par contre, les joueurs du PSG, eux, ont bien chacun un nom différent.

 

Coup d’envoi

Juste avant le coup d’envoi, l’ambiance est plutôt bonne au Parc des Princes. Certes, ceux qui ont connu les grandes heures du  Parc ne seront certainement pas du même avis… A leur entrée, les joueurs sont très bien accueillis par le public.

Les supporters chantent et les drapeaux s’agitent. L’atmosphère est plutôt « bon enfant », le spectacle est sympathique. Les tribunes donnent de la voix et précisent aux supporters de Montpellier venus en nombre qu’ « ici c’est Paris ».

Avec 45000 personnes ce soir, le stade du « nouveau PSG » affiche complet. L’affiche et l’enjeu du match y sont pour quelque chose, évidemment. Pas sûr que contre Ajaccio, dans deux semaines, on retrouve la même effervescence.

A la 41ème minute, l’arbitre signale un bon coup-franc pour le PSG. Nene talonne pour Alex qui déclenche une mine surpuissante qui vient se loger en pleine lucarne de Joudren, le gardien montpelliérain. Le public s’enflamme, Paris mène 1-0.

Deux minutes plus tard, Montpellier égalise. C’est la mi-temps.

Mi-temps

Pour patienter, rien de mieux qu’une petite animation. Des supporters tirés au sort viennent faire le show en participant à la « Golden Barre ».

Le principe ? Frapper à 35 mètres du but avec pour objectif de toucher la barre transversale. A gagner ? Rien de moins qu’une voiture… Ça donne envie.

Les trois protagonistes du jour ne parviennent pas à flirter avec la barre, malgré leurs deux essais. Mais pour bien nous prouver que c’est possible, une vidéo nous montre Nene réussir l’exercice. On est rassuré.

On a hâte que le match reprenne, mais ce n’est pas encore l’heure. C’est au tour de l’Orange Football Challenge de faire son entrée.

Le concept : deux équipes de jeunes footballeurs âgés de 13 à 15 ans débarquent sur la pelouse. Un par un, les gamins s’en vont défier le gardien de l’équipe adverse en s’élançant depuis le rond central. L’équipe qui marque le plus de but l’emporte. Les jeunes font ensuite le tour de la pelouse pour saluer les spectateurs et sont acclamés.  

Reprise

Le match reprend. Le public tente de donner de la voix mais c’est un peu poussif. Seules les grosses occasions de buts galvanisent la foule. Les joueurs du MHSC sont régulièrement sifflés.

Des « Pastore, Pastore… »  commencent à se faire entendre dans les travées du stade, signe de l’impatience et de l’exigence d’une partie des spectateurs. L’homme qui valait 42 millions d’euros entrera finalement à la 75ème minute de jeu.

Seulement quelques minutes après, les montpelliérains prennent l’avantage (1-2) grâce à Utaka. Louis Nicollin, qui n’a finalement pas fait le déplacement, est traité de « salope ». Un jeune homme déclare alors : « Moi, je l’aurais plutôt traité d’ordure ».

Certains spectateurs dépités quittent déjà les tribunes… J’ai presque envie de leur crier « il reste encore 5 minutes, sans compter le temps additionnel ! ». Mais je ne dis rien.

A la 88ème minute, Menez glisse magnifiquement le ballon à Hoarau qui égalise. Le Parc est en feu, et les dernières minutes sont d’une grande intensité, que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes.

Au coup de sifflet final, le Parc applaudit son équipe. Le stade se vide, et le speaker nous donne rendez-vous le 4 mars.

Conclusion

A l’été 2010, la mise en place du plan Leproux était évidemment justifiée par les problèmes récurrents de violence à l’intérieur et aux abords du Parc des Princes. Néanmoins, les effets secondaires s’en ressentent encore aujourd’hui. Depuis le départ d’une partie des abonnés de Boulogne et d’Auteuil, l’ambiance du Parc des Princes fait débat.

Avec l’arrivée des Qataris au PSG, le Parc des Princes a vu naitre un nouveau phénomène : un public de consommateurs a progressivement remplacé une partie des supporters historiques du club. Malheureusement, les consommateurs sont très impatients, exigent un résultat et sont moins fidèles. Au contraire, les supporters sont plus passionnés et estiment avoir avant tout un rôle à jouer, celui du douzième homme.

Le paradoxe du Parc des Princes est bien là. Alors que le PSG a pris une nouvelle dimension financière, l’aspect commercial est plus que jamais une priorité pour le club. Le développement de l’accueil du public à travers l’organisation d’animations avant le match et à la mi-temps est incontestablement une bonne chose, mais elle est surtout réservée aux consommateurs de football.

Or, la véritable ambiance du Parc des Princes ne reviendra qu’avec un assouplissement des mesures prises en 2010. D’ailleurs, il semblerait que les dirigeants Qataris souhaitent le retour d’une partie des supporters les plus fervents.

Mais une cohabitation saine entre les supporters et les consommateurs est-elle vraiment possible ?

Geoffroy MARTIN