dimanche 17 février 2013

Business

Le Qatar, incontournable acteur du sport ?
Par Mathieu Bernardi
 
Depuis 2010, le petit émirat du Qatar a pris une dimension internationale grâce à ses nombreux investissements dans le sport : football, rugby, handball, cyclisme…

Pourquoi un si petit pays s’intéresse-t-il tant au sport au point de devenir aujourd’hui l’un des acteurs économique majeur de ce milieu ?

En ce début d’année 2013, Sport and vous propose de faire un petit tour d’horizon des nombreux investissements du Qatar dans le monde du sport...
  

Le nouvel hôte du sport mondial… 

Nous sommes en 2006 et le Qatar accueille les Jeux Asiatiques, c’est une première. Rien de bien exceptionnel à première vue, cependant l’engouement que suscite cet évènement va inciter l’émirat à poursuivre son développement international grâce à l’organisation d’événement sportif.

Et c’est en 2010 que le petit pays décide de frapper un grand coup en se portant candidat pour l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2022. Pari gagné, le Qatar devient le premier pays Arabe à obtenir l’évènement le plus important du sport mondial. Incroyable quand on sait que cet état ne mesure que 11 000 km² et ne compte que 1,5 millions d’habitants, dont seulement 300 000 nationaux.

Fort de ce succès le Qatar et son Emir, Hamad bin Khalifa Al Thani, décident de se porter candidat pour l’organisation de la Coupe du Monde de handball en 2015. Et c’est en janvier 2011 que la Fédération Internationale décide de lui attribuer l’organisation. Coup double !

Mais le Qatar ne s’arrête pas là. Le cyclisme est aussi une cible de choix, tout particulièrement le Tour de France, la référence. Récemment, le pays a obtenu l’organisation des mondiaux de cyclisme sur route en 2016. Une étape dans son opération de séduction pour obtenir, a terme, un départ du tour de France à Doha. Le pays accueille d’autres évènements internationaux : le Grand prix du Qatar, un tournoi de golf « le Qatar Master » et un tournoi de tennis « l’Open du Qatar ».

Mais il a essuyé quelques échecs aussi : les championnats du monde d’athlétisme en 2017 et les Jeux Olympiques 2020. Les organismes qui gèrent ces événements, l’IAAF et le CIO, ont chacun décidé d’écarter sa candidature. Mais malgré ces recalages, l’émirat n’a pas renoncé à organiser ces manifestations de grande envergure. 


…et un puissant acteur économique 

Le Qatar, c’est avant tout une puissance économique aux moyens quasi-inépuisables. Grâce à cette toute-puissance et le désir de reconnaissance internationale de l’émir, le pays n’hésite pas à investir  des moyens colossaux dans des clubs sportifs de renom.

En rachetant le Paris saint Germain en 2010, et le Paris Handball en 2011, le Qatar a démontré sa volonté de devenir légitime dans le monde du sport en vue des futurs évènements organisés par l’émirat. Pour être crédible et renfoncer la notoriété du pays, l’émir a investi des sommes colossales pour attirer de grandes stars internationales du football comme Zlatan ibrahimovic et Thiago Silva venus du Milan AC et du handball avec le Francais Luc Abalo et Mikkel Hansen, le meilleur joueur du monde en 2011.

Le Qatar a aussi décidé d’investir sur le secteur de l’équipement sportif pour développer sa notoriété et sa présence à l’international. C’est donc en 2006 que Burrda Sport fut lancé. S’il lui a fallu un peu de temps pour se faire une place dans le milieu ultra concurrentiel des équipementiers sportifs (Nike, Addidas, Puma…), Burrda a finalement réussi a faire son trou. Aujourd’hui, la marque fournit des équipes de foots telles que l’OGC Nice, Wolverhampton, ou le FC Twente. Elle habille aussi des équipes de rugby et non des moindres : le RC Touloun et le Biarritz Olympique, avec l’espoir de devenir un jour l’équipementier de l’équipe France de rugby.

En outre, les investissements Qataris concernent aussi l’audiovisuel. Afin de promouvoir tous ces événements et d'avoir une visibilité internationale, le Qatar compte sur Al-Jazzera Sport, créé sous la dénomination beIN Sport en France. Nasser Al-Khelaifi, président du PSG et aussi le PDG du groupe audiovisuel, a déjà dépensé plus de 400 millions d'euros pour compléter sa grille de programmes, avec comme tête de gondole la Ligue des Champions, le Championnat de France de Ligue 1, la Serie A, la Liga et la NBA entre autres.

D’autres projets sont en cours : la création d’un centre de formation au PSG pour définitivement rivaliser avec les plus grands clubs, la rénovation du Parc des Princes, l’organisation d’une manche du championnat WRC à Doha : de beaux projets en perspective...
 

Pourquoi un tel investissement dans le sport ? 
 
Mais pour quelle raison le Qatar a-t-il décidé d’investir dans le sport ? Car si le sport est une affaire de business pour ce jeune pays à la merci de l'Iran et de l'Arabie saoudite, c'est aussi un instrument pour bien se placer sur l'échiquier géostratégique international.

Le Qatar n'a ni les moyens ni la volonté de se constituer une armée suffisamment forte pour contrer les éventuelles menaces multiformes qui pèsent sur lui, le hard power classique est hors de sa portée. Il a donc choisi délibérément de miser sur le soft power, afin d'être un point reconnu de tous sur la carte du monde. Une façon donc de se protéger. Et, pour ce pays et son Emir, organiser des événements sportifs importants, c'est progresser de vingt ans en quelques années.

Comme tout un symbole, le slogan d'Al-Jazzera est : « Nous n'avons pas de limite ». Cela laisse présager que le Qatar n’est pas encore rassasié et qu’il faut s’attendre à le voir investir de plus en plus le sport international…

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