Pour traiter ce sujet, plusieurs intervenants de
grande qualité étaient présents : Jean-Luc Aribar, ancien professionnel et
consultant sur Canal +, Bruno Belgodère, en charge des questions financières et
économiques à l’Union des Clubs Professionnels de Football, Sébastien Wasels,
chargé du développement international au PSG et Redha Chibani, Responsable du
développement international à la Ligue de Football Professionnel.
Sport and
était évidemment présent pour ce rendez-vous et vous propose un retour complet.
Jean-Luc Aribar, en ouverture du débat a tenu à rappeler
quels ont été les différents mécanismes qui ont conduit le football français à
s’internationaliser. Selon lui, 3 faits marquants dans les quarante dernières
années ont contribué au statut du footballeur d’aujourd’hui.
Tout d’abord il y
a eu la création de l’UNFP en 1961, un syndicat des joueurs de foot
professionnel, afin que ces derniers ne soient plus « esclaves » (selon
un terme employé par R.Koppa) de leur club. Ensuite, le deuxième fait marquant
se situe en 1984 avec l’apparition de Canal + dans le football. Selon J-L
Aribar, cela a permis, pour la première fois de se rendre compte qu’on pouvait vendre le football
et ainsi permettre aux téléspectateurs de suivre au quotidien le championnat.
Enfin, l’arrêt Bosman en 1995 a fini d’internationaliser le football français
et le football mondial. Depuis cette date, les footballeurs européens sont
libres d’exercer leur métier de partout en Europe sans restriction de nombre
dans les clubs.
Par ailleurs, l’explosion des droits TV ces dernières années
couplée a permis un fort enrichissement de beaucoup de clubs européens et ainsi
de multiplier les gros transferts et l’exode de joueurs français vers l’étranger.
Pourquoi la France est-elle en retard de ce point de vue-là ?
Selon Bruno Belgodère, depuis l’arrêt Bosman, la relation
entre les clubs et les joueurs a changé. La France est passée de la 2 ème place
au classement UEFA avant 1995 au 5 ème rang (talonnée maintenant par le Portugal).
La cause de cela réside essentiellement dans la fiscalité
française, très peu avantageuse pour les joueurs de football professionnels.
Ainsi, le joueur préfère aujourd’hui aller jouer dans des pays bénéficiant de
conditions fiscales avantageuses. Cela a conduit la France à devenir le 3 ème
pays exportateurs de joueurs dans le monde derrière le Brésil et l’Argentine.
Ensuite, un autre handicap dont pâtit la France dans son
internationalisation, réside dans le fait que le sport professionnel français
et plus particulièrement le football est majoritairement associatif et de ce
fait il constitue un frein aux investissements étrangers dans nos clubs,
compte-tenu des lourdeurs administratives auxquels ils doivent se plier.
Ainsi,
il est beaucoup moins contraignant pour un investisseur étranger de mettre son
argent dans un club de Premier League que de Ligue 1. Pas étonnant ensuite de
voir des clubs de seconde zone anglaise être possédés par des investisseurs
étrangers quand en France très peu de monde ne veut investir.
Cependant, selon Redha Chibani, l’internationalisation du
football français est nécessaire puisque contrairement aux sports US se jouant
dans des ligues fermées, en Europe, la compétition entre les clubs est forte et
violente. Ainsi, pour être au niveau des meilleurs, il faut
avoir les mêmes moyens. Pour étayer ces propos concernant le retard énorme qu’a
la France en matière d’internationalisation, il expliquait par exemple que
Manchester United, depuis plusieurs années, fait des tournées d’été en Asie ou
en Amérique du Nord, quand en France, seul le PSG pour la première fois cette
année en a fait une aux Etats-Unis. En outre, dès 1998, Manchester United
ouvrait une boutique du club à Singapour…
Le PSG, un OVNI en Ligue 1
Justement depuis l’arrivée du Qatar au PSG, Sébastien Wasels
confirme que des changements significatifs ont eu lieu, plaçant désormais le
PSG parmi les clubs qui comptent en Europe et dans le monde. Le club doit
désormais être vigilant dans plusieurs domaines afin de se développer sur tous
les territoires cibles. C’est ainsi que pour répondre à une forte demande de la
part des pays du Golfe, le site internet du club a été traduit en arabe. De
même, le PSG et Nike travaillent désormais main dans la main pour gérer l’aspect
merchandising.
En effet, Sébastien Wasels explique que : « Il est
important pour nous que nos produits soient distribués dans des pays clés comme
la Suède ou le Brésil. Porter un maillot du Paris Saint-Germain à Tokyo ou à
Pékin, c’est aussi un moyen de porter la marque et de continuer à développer sa
notoriété ».
Enfin, pour se développer à l’international, il est
nécessaire de bien gérer l’aspect sponsoring, et S.Wasels de continuer « Le
fait que le PSG soit connu mondialement intéresse de grandes marques
internationales dont la volonté est de développer leur chiffre d’affaires ou
leur notoriété en France, mais aussi à l’étranger en nous accompagnant lors de
tournées que l’on organise. »
Cependant, comme le concède Jean-Luc Aribar, le PSG
constitue un « Ovni » en Ligue 1, puisque c’est un cas isolé dans un
football français en grande difficulté. Selon lui, il faut en premier lieu
bâtir un modèle économique solide avant de vouloir exporter le championnat de France
à l’étranger.
Les motifs d’espoir de demain
Malgré les retards et les difficultés présentes en France,
des motifs d’espoir sont à mettre en avant. Bruno Belgodère explique que l’UCPF
a développé plusieurs outils pour favoriser l’arrivée de nouveaux investisseurs
en France. Tout d’abord, la licence club a été créée. Celle-ci consiste à
favoriser ceux qui investissent dans les infrastructures et les projets à long
terme. Ensuite, le syndicat a participé à l’élaboration du nouvel appel d’offre
pour les droits TV de la Ligue 1. Force est de constater que la réorganisation
du calendrier permet désormais à la Ligue 1 d’être en Prime Time en Asie.
Enfin, l’UCPF s’attache à démontrer les retombées positives notamment en termes
d’image et de notoriété, d’un investissement dans le football.
Ces éléments, même s’ils ne constituent pas une fin en soi,
représentent une vraie réflexion en terme de stratégie d’internationalisation.
Selon B.Belgodère, « le football français doit trouver son propre modèle,
il est inutile de vouloir appliquer les modèles anglais ou allemands dans notre
championnat. Les mentalités et les habitudes de consommation sont différentes. »
Le modèle économique français est aujourd’hui assez fragile,
mais il y a des motifs d’espoir. Ces Rendez-vous du Sport se sont conclus sur
une note positive unanime de la part des intervenants : la France est en
train de rattraper son retard que ce soit en termes de marketing dans les clubs
ou en termes d’infrastructures sportives.
Redha Chibani a d’ailleurs écrit sur le mur des Rendez-vous
du sport un message plein d’espoir et non sans une pointe d’utopie : « Thème
des Rendez-vous du sport dans 10 ans : Pourquoi le football français
domine-t-il le monde ? ». Le rendez-vous est donc pris pour 2022…
Et vous, que pensez-vous de l’internationalisation du
football français ?
C'est un article à lire avec attention,car le sujet concerne tout le monde et vous avez bien su le présenter,félicitaion pour le choix des expressions et je vous encourage pour continuer dans ce niveau !! merci.
RépondreSupprimerCOMPTE RENDU TRES INTERRESSANT
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