vendredi 16 novembre 2012

L'invité du blog

Deschamps, l’héritage Jacquet
   
Par Charles DE JOUVENEL
  
Deschamps, la rupture avec Blanc

17 Novembre 2010. Sur la pelouse de Wembley, la France défie l'Angleterre pour ce qui constitue son premier match (amical certes) face à l'une des nations majeure du football.
 
Fort d'un bel enchaînement de 3 victoires consécutives dans les éliminatoires pour l'Euro 2012 (Bosnie, Roumanie, Luxembourg, chaque fois 2-0) après ses débuts difficiles (défaite en amical face à la Norvège sans les mondialistes 1-2, puis en qualif' contre la Biélorussie 0-1), Laurent Blanc, en poste depuis le 2 Juillet 2010, décide d'assumer sa préférence pour le jeu rapide, au sol, le fantasme espagnol de la possession de balle et de la passe intuitive...
  
Sur la pelouse au coup d'envoi, le message est clair avec le seul M'Vila comme milieu de terrain dit défensif. Autour de lui, Gourcuff, Nasri, Valbuena et Malouda doivent apporter du mouvement, de la vitesse (pas forcément gagné pour Malouda, mais qu'importe), de la technique, et des bons ballons pour la "pointe" qu'est Benzema (qui, à l'époque, dézonait beaucoup moins ou de manière beaucoup plus efficace).

Presque exactement 2 ans après, le 14 Novembre 2012. A Parme, la France après les performances qu'il est inutile de rappeler à l'Euro 2012 fait face à l'Italie avec un visage radicalement différent.
  
Sur le banc pour commencer, le "Président" Blanc n'est plus, remplacé par le pragmatique et plus expérimenté Didier Deschamps. Sur la pelouse, des 13 joueurs (11 titulaires et 2 remplaçants) qui ont participé au premier match de l'Euro, face à l'Angleterre (1-1), seuls 4 d'entre eux sont toujours là au coup d’envoi (Lloris, Debuchy, Evra, Ribery).
  
Outre par le choix des hommes, Deschamps représente une réelle rupture avec les idées du (court) mandat Blanc. Sur la pelouse, à la place du seul M'Vila dans un rôle de milieu défensif, ce ne sont pas moins de 3 joueurs qui sont chargés d'apporter un gros impact physique à la récupération, de constituer un bloc, Matuidi, Capoue, Sissoko (qui bien que positionné sur un coté faisait le même boulot).
  
Le trio, chargé de colmater les espaces, de gagner la bataille du milieu, de presser les italiens à la relance, présente un profil radicalement différent du milieu titulaire contre l'Angleterre en amical. Moins technique, plus travailleur, habitué au travail ingrat de la récupération, et à jouer plus bas sur le terrain, leur rôle était de faire le boulot, ce qu'ils ont fait avec plus ou moins de réussite (le poste d'ailier de Sissoko mettant plus en valeur ses limites techniques que pour ses deux collègues).
 
La métamorphose est clair, pour autant le résultat est le même que face aux Anglais deux ans plus tôt, une victoire 2 - 1 qui aura fait s'enthousiasmer la presse autour de l’Équipe de France (il faut bien avouer que l’enchaînement nul en Espagne, victoire en Italie fait rêver). Pour autant ne risque-t-on pas de vivre la même chose qu'avec Laurent Blanc, où après la bonne campagne de qualification pour l'Euro et de remarquables victoires en amical (Angleterre, Brésil, Allemagne), l'entrée en compétition fut douloureuse ?
 
L'image du groupe à nouveau écornée, des résultats en berne, et une très mauvaise communication autour du contrat du sélectionneur (sans compter l'histoire des quotas) mirent fin à l'aventure Blanc. Deschamps peut-il connaitre un avenir différent ?
 
  
La marque Aimé Jacquet

Un élément peut laisser penser que Deschamps, qui de toute évidence a une approche tactique du football très différente de celle de son prédécesseur, pourrait connaitre une durée de vie à ce poste plus importante.

En effet, le début de son mandat n'est pas sans rappeler les méthodes de celui qui avait nommé Didier capitaine de l'équipe de France en 1996. Jacquet, l'homme qui, au nom de l'équilibre de l'équipe, du groupe, et de la volonté de faire progresser des jeunes prometteurs n'hésita pas à sacrifier Cantona, Papin, Ginola par exemple.
  
Jacquet qui constitua une équipe remarquablement organisée autour d'un milieu très dense, d'une assise défensive solide, et de rampes de lancement sur les cotés, bien aidés par le travail de repli défensif des milieux axiaux. Un bloc quasiment infranchissable en phase défensive, capable de sortir vite en contre attaque ou de s'imposer physiquement au milieu et de mieux quadriller le terrain.
 
Le but n'est évidement pas de dire que Deschamps va connaitre la même carrière en tant que sélectionneur des bleus, ni qu'il regagnera la coupe du monde ou l'Euro, loin de là, mais il est logique de constater les similitudes.
 
Ainsi, Deschamps, tout juste nommé, prônait déjà l'exemplarité comme vertu primordiale. Jusque là rien de très original me direz-vous, aucun sélectionneur n'ayant jamais annoncé que pour jouer sous le maillot national, il était important d'avoir une sale mentalité, et un comportement de gamin capricieux.
  
Cependant, et c'est bien la que la différence s'opère, la parole fut suivit par des actes. Nombreux sont ceux qui à chaque annonce regrettent l'absence de Ben Arfa et de Nasri (jusqu'à certains joueurs, cf Benzema militant pour Nasri) par exemple, qui n'ont jamais été re-convoqués depuis la fin de l'ère Blanc. Mais on pourrait aller plus loin, avec l'histoire des Espoirs partis faire la fête à Paris en plein rassemblement. Non pas que Deschamps soit responsable de la sanction, mais il avait été clair sur le sujet, voulant que les joueurs soient punis, et n'a jamais  paru en désaccord avec les suspensions, surtout celle concernant M'Vila (qui faisait aussi parti des joueurs jamais appelés par Deschamps, décisions justifiables par le piètre niveau du joueur en début de saison).
 
Sur le terrain les idées là aussi convergent avec celles de Jacquet. Revenons sur le match face à l'Italie dont nous parlions plus haut. Le rôle du trio Matuidi/Capoue/Sissoko était de toute évidence de placer le match sur un plan plus athlétique que celui voulu par le très technique milieu italien (Verrati/Marchisio/Montolivo), de presser le porteur de balle, et surtout de colmater les brèches, permettant ainsi aux latéraux de monter et de combiner avec Valbuena ou Ribery.
 
Il s'agit bien entendu de parler de similitude en terme de tactique, pas plus, Valbuena n'est sûrement pas Zidane, Debuchy et Evra ne sont pas non plus Thuram et Lizarazu, et ainsi de suite. Ceci étant, les deux résultats acquis à l’extérieur face aux deux récents finalistes de l'Euro sont motifs d'espoir, non pas parce que ce style de jeu est une garantie de succès (bien qu'on pourrait le croire si l'on se réfère au C.V de Deschamps) mais bien parce qu'on peut voir là autant de matchs fondateurs. Ajouté à ça la fameuse grinta (que certains considèrent comme étant seulement de la chance) de la Desch' (coaching gagnant sur les deux matchs), et le cocktail donne envie d'y croire.
  
Encore une fois, la victoire en Italie est belle, mais n'est pas forcément révélatrice sur le niveau général de l'équipe, mais c'est bon pour la confiance du groupe, Deschamps est pour le moment très intelligent dans son management (retour de Gourcuff dans une bonne période, dans un groupe détendu, utilisation de Valbuena en meneur et non plus en ailier, maintien de Lloris malgré sa situation en club) et dans sa communication (autour de Ribery, de l'inefficace Benzema, de Lloris, des joueurs non sélectionnés).
 
L'avenir proche ne répondra pas aux attentes sur le niveau réel de l'équipe de France de Deschamps puisqu'il faudra attendre le mois de Mars 2013 et les réceptions successives de la Géorgie et de l'Espagne pour  avoir les prochains matchs officiels mais les motifs d'espoir de voir l’Équipe de France avec une meilleure image que celle proposée précédemment sur le plan médiatique, et peut-être (à condition de ne pas trop s'enflammer) de meilleurs résultats sur le plan sportif existent. Aux joueurs de ne pas les ruiner, et de nous prouver que l'état d'esprit a vraiment changé...
  
  
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2 commentaires:

  1. Totalement d'accord avec cet article, qui plus est, bien écrit ! J'ai également envie d'y croire et de rêver BRAZZZZILLL ! Samba, trav, plage, bringue, maracana et autres sucreries latines...

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  2. Pareillement. Autant j'ai été vite déçu par Blanc et le fait qu'il ne prennait aucunes positions autant je trouve Deschamps cohérent et convaincant. On a surcôté Blanc de toute façon (2 bonnes saisons en clubs en tant qu'entraineur et aprés??). Et je suis vraiment contre un retour de Nasri et Ben arfa (et m'villa) je ne vois pas dans quelle mesure ils peuvent aider le groupe sachant que l'équilibre est fragile et qu'on a déja quelques "têtes d'enclumes" (menez,benzema,ribéry,evra). Donc pas besoin d'en rajouter, il faut des "grognards" dans toutes équipes de foot mais le plus important c'est l'équilibre et aussi... le vécu

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