L'invité du blog

Ce que pense l’Espagne de l’Equipe de France…
Par notre correspondant à San Sebastián, Daniel CHOLET

Samedi prochain à 20h45 va se jouer à Donetsk le troisième quart de final de cette Euro 2012 : Espagne–France.
  
Sport and vous propose un petit tour d’horizon de ce qui se dit sur l’Equipe de France de football de l’autre coté des Pyrénées.



Des médias à la fois respectueux…

Dans un pays qui compte quatre grands journaux sportifs où le football est roi, les avis sur ce match divergent vers deux directions. En parcourant la presse écrite ces jours-ci, on observe que certains médias sont très diplomates envers les Bleus, et ont un grand respect pour cette équipe et son sélectionneur, comme le prouve cette interrogation du journal Marca : « Devons-nous avoir peur ? ».
  
En réalité, leur crainte est plus basée sur la valeur individuelle de certains joueurs que sur la qualité collective de l’équipe, un sentiment amplifié depuis la défaite de l'Equipe de France contre la Suède. Les joueurs dont la presse se méfie sont les (supposés) « grands » joueurs de notre sélection : Benzema, Ribéry, Nasri, et dans une moindre mesure Ben Arfa, Rami, Cabaye (surnomé le Xavi français), Lloris et Mexès (dont la suspension les réjouissent).
  
Il faut dire que les médias espagnols ont particulièrement apprécié l’instinct de buteur de Benzema cette saison. Mais en dehors des qualités de l’attaquant du Real, ils ont aussi observé, grâce à la Ligue de Champions et à la Premier League (très diffusée en Espagne), les exploits de Ben Arfa ou les performances régulières de Nasri et de Ribéry. Ils admettent que le potentiel offensif des Bleus est à prendre au sérieux.
  
Le sélectionneur national français est aussi traité avec beaucoup de respect par la presse espagnole. Ses résultats en club en tant qu’entraineur avec Bordeaux et sa volonté de « faire jouer » son équipe sont régulièrement évoqués. Enfin, ils savent toute l’admiration que porte le Président pour le jeu du FC Barcelone, un club où il a d'ailleurs évolué au cours de la saison 1996-1997.
 
 
…et rancuniers
  
Cependant, une autre partie des médias reste assez rancunière sportivement et médiatiquement. Les spécialistes du football savent que la France n’a jamais perdu contre l’Espagne en match officiel. Les Bleus sont en quelque sorte leur « chat noir ».

On se souvient qu’ils ont mis fins aux rêves de tout un pays lors de la finale de l’Euro 84 aux Parc des Pinces (victoire de la France de Platini sur l’Espagne, 2 à 0). On se rappelle qu’à l’Euro 2000, la France championne du monde en titre de Zidane et Djorkaeff avait éliminé l’excellente Espagne du prodige Raul et autre Mendieta. Plus récemment, en 2006, la sélection tricolore des « revenants » Zidane, Thuram et Makelele avait donné une véritable leçon de football à la Roja de Villa, Puyol, Xavi, Fabregas et Torres en huitième de finale de la coupe du monde allemande. Aujourd’hui, les espagnols souhaitent ardemment que leur sélection s’impose face aux français. Rappelons qu’en 2006, le journal Marca avait annoncé dans sa fameuse Une « Nous allons mettre Zidane à la retraite ». Malheureusement pour eux, le principal intéressé en avait décidé autrement.
  
Enfin, on constate tout de même que certains médias la presse écrite veulent profiter de cette confrontation sportive pour « punir » la France et se venger après les diverses affaires concernant les accusations de dopage portant sur les sportifs espagnols. Les déclarations de Yannick Noah sur la « potion magique espagnole », ou les nombreux sketchs des Guignols de l’Info mettant en scène des sportifs ibériques se dopant ont laissé des traces et le sujet est encore dans toutes les têtes (voir notre article sur le sujet : http://sport-and-blog.blogspot.fr/2012/03/linvite-du-blog.html#more). Aujourd’hui, certains médias souhaitent tout simplement « régler leurs comptes » comme l’a avoué l’ancien gardien de la Roja Santiago Canizares sur RMC cette semaine. Samedi, une partie de l’Espagne voudra donc laver son honneur par une victoire.
 
 
Les avis convergent : attention au trio Benzema-Ribéry-Nasri...
 
L'avis des consultants TV : ils ont de manière générale une analyse assez différente de la presse écrite. Ils ne parlent que de football et polémiquent peu. En Espagne, les droits de rediffusion de l’Euro 2012 appartiennent aux chaines Cuatro et Telecinco. Il est intéressant d’observer que les consultants de ces chaines (dont fait partie l’ancien attaquant du Real Madrid et de l’AS Monaco Fernando Morientes) ont beaucoup d’estime pour les Bleus et craignent véritablement le fameux trio Benzema-Ribéry-Nasri. Pour l’un d’entre eux, Benzema est « l’attaquant le plus complet du monde actuellement : capable de jouer comme 9, 9 et demi, et d’être buteur, passeur voire meneur de jeu ». 
 
L'avis de la population espagnole : pour les espagnols aussi l’équipe de France est à craindre. La population ne connait pas ou très peu les Bleus venant de Ligue 1, surtout s’ils ne jouent pas la Ligue des Champions comme M´Vila, Martin, Matuidi ou encore Giroud. Par contre, les espagnols connaissent et suivent les joueurs français évoluant en Espagne comme Benzema et Rami (Real Madrid et Valence), et les éléments les plus médiatiques tels que Nasri, Ribéry, Evra, Mexés et Ben Arfa.
 
Ce respect des joueurs français viendrait du fait que beaucoup de gens se souviennent de ce qu’étaient capable de faire des joueurs comme Patrick Vieira, Claude Makelele ou évidemment Zinedine Zidane il y a quelques années. D’ailleurs, la génération 98 et 2000 est encore présente dans l’inconscient collectif des espagnols car certains grands joueurs ont évolué en Espagne : Blanc et Petit au FC Barcelone, Zidane, Makelele et Anelka au Real Madrid et Deschamps à Valence. 
 
L'avis des joueurs de la Roja : enfin, les joueurs actuels de la Roja se méfient aussi de l’équipe de France. En effet, ils jouent ensemble ou s’affrontent toute l’année sur les terrains d’Espagne et d’Europe et par conséquent, ils savent de quoi sont capables les Bleus. A nouveau, trois joueurs sortent du lot dans les nombreux interviews : le trio Benzema-Ribéry-Nasri. Victor Valdés, gardien du FC Barcelone et deuxième gardien de la Roja déclarait récemment : « le principal danger de la France est Benzema, avec Ribéry et Nasri qu'il faudra aussi surveiller très étroitement ».
  
Hier en conférence de presse, le néo-défenseur central de l’Athletic Bilbao et de la sélection espagnole Javi Martinez a aussi mis l’accent sur le jeu pratiqué par l’Equipe de France : « La France a une manière de jouer assez novatrice depuis que Blanc l'a prise en charge. Son jeu est plus basé sur des combinaisons et des passes courtes qu'avant. Je pense donc qu'elle va être un de nos rivaux les plus difficiles dans cette compétition ». 
  
Réponse samedi soir...
 
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