Le
port du voile dans le football : une question qui divise…
Par
Daniel CHOLET
Episode 2/2: Le port du voile dans le football : La neutralité du sport remise en question ?
Un petit peu de Droit
Comme pour de nombreux problèmes, il est important de
savoir ce que disent les textes de lois. Concernant ce sujet ils sont clairs et
plus qu’explicites. La loi 4 de la FIFA stipule que : « L’équipement de
base obligatoire ne doit présenter aucune inscription politique, religieuse ou
personnelle ». La règle 50 de
la Charte olympique (au 8 juillet 2011) suit cette idée : « Aucune sorte de démonstration ou de
propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site
ou autre emplacement olympique. »
Un petit peu d’Histoire
D’un point de vue historique, on observe que les grandes
compétitions sportives (Jeux Olympiques
ou Coupe du Monde de football) ont toujours pu rassembler les personnes d’horizons
divers au nom de l’excellence sportive et athlétique. Le meilleur exemple est
celui de la Grèce Antique, où tout les quatre ans, les différents peuples se
réunissaient pour participer aux Jeux Olympiques. Une « trêve olympique » y était
d’ailleurs instaurée (trêves politiques, religieuses et raciales).
Sans allez si loin dans l’Histoire, on se souvient qu’en
1968 lors des Jeux Olympiques de Mexico Tommie Smith et John Carlos, deux athlètes noirs américains, ont été exclus à
vie après avoir manifesté leur soutien au mouvement des « Blacks
Panthers ». Même si pour certains leur cause était juste, les athlètes ont
été sanctionnés, parce que le sport doit rester un espace neutre.
C’est cette idée de neutralité du sport qu’il faut
défendre, et que malheureusement le FIFA et l’IFAB vont détruire, peut être
pour des considérations économiques (création d’un nouveau marche du hijab version sport estimé à plusieurs
millions de personnes), et géopolitiques (organisation de la Coupe du Monde de
football en 2022 au Qatar et poids financier du Qatar dans le football actuel).
Exemples d’ingérences dans le sport
Il n’est jamais
bon de faire entrer les idéologies dans les stades de football. Il suffit de
voir ce qu’était l’ambiance des stades anglais entre 1970 et 1980, ou l’état du
Paris Saint Germain de la fin des années 2000. Récemment nous avons pu voir
l’étendue des dégâts que cela engendre, en Egypte, à Port Saïd. Le 1 février
dernier, lors d’un match de football 74 personnes sont mortes et un millier blessées
suite à des violences d’ordre politique. A la suite à ce carnage le président
de la FIFA, Sepp Blatter avait déclaré : « Nous ne pouvons pas l'accepter. Le football, c'est pour le peuple, pour la
jeunesse, pour donner de l'émotion et de l'espoir. Nous n'accepterons jamais
qu'il soit utilisé à des fins politiques ».
Plus largement il a toujours lutté contre l’ingérence politique au sein
des fédérations nationales comme pour la Bosnie-Herzégovine (exclusion
temporaire des éliminatoires de l’Euro en raison du turn-over instauré à la tête de la fédération bosnienne afin
de respecter la division ethnique depuis l’indépendance du pays), ou la France (mise en garde contre le
gouvernement français lorsque ce dernier exigeait la démission de
l’ancien président de la FFF).
Alors pourquoi ne pas laisser le football en dehors des considérations politiques, religieuses et idéologiques ?
Un tournant historique
Pour le think tank européen « Sport et Citoyenneté » la
décision de l’IFAB et de la FIFA : « pourrait
constituer un tournant dans l’histoire politique du sport ». Ainsi ces
organismes, qui véhiculent les valeurs du sport, doivent protéger cette
neutralité en « envoyant un message
fort à la Communauté internationale ». Ils l’ont déjà fait en
interdisant les publicités commerciales et les messages personnels sur les
maillots de corps, mais aussi en interdisant les bijoux (qui pourraient être
des signes religieux comme la croix chrétienne).
Pendant longtemps la FIFA avançait l’argument de la
sécurité des joueurs pour appliquer son code vestimentaire et ainsi préserver
la neutralité du football. Malheureusement cet argument ne tient plus depuis le
séminaire d’Amman en octobre 2011 (le hijab
est désormais considéré comme un signe culturel et non religieux). Aujourd’hui cette
neutralité est remise en question.
Le sport doit rester un espace neutre, libre et unique,
en dehors de toutes considérations politiques, religieuses, ou idéologiques. Il
en reste peu dans notre monde, il faut donc les protéger. Espérons que la FIFA
s’en rappelle le 2 juillet prochain…
Et vous, pensez vous que le port du voile pour les joueuses de football
soit une remise en question de la neutralité du football ? Que la religion ait sa place dans le sport ? Que la FIFA ait fait le bon choix ?
Le Real Madrid a dû récemment faire enlever la petite croix chrétienne surmontant le dessus de la couronne royale sur leur emblème pour toutes ses ventes de produits au Moyen-Orient, afin de ne pas "heurter" les sensibilités religieuses de la région. Barcelone avait aussi dû déjà supprimer la croix historique de St-George de ses écussons il y a quelques années . Si l'on se fait les louanges de la tolérance dans le Football en Europe, j'ai peur que la FIFA ne ferme les yeux sur ses valeurs dans ces pays au profit de pétro-dollars. Dommage...
RépondreSupprimerentre l'ethique et les petro-dollars la FIFA a t'elle les moyens d' hesiter?
RépondreSupprimerAC