Découvrez notre deuxième volet de l’interview consacrée à Mickaël Bourgain,
spécialiste français du keirin, qui revient sur les derniers Jeux Olympiques auxquels il a participé.
L’organisation, l’engouement, les performances, tout y est évoqué, sans tabou et avec beaucoup de réflexion.
L’organisation, l’engouement, les performances, tout y est évoqué, sans tabou et avec beaucoup de réflexion.
Bonjour Mickaël. Nous allons profiter de cette interview pour évidemment
revenir sur les JO de Londres, mais aussi pour parler de votre futur et de
votre activité au sein de la SNCF.
Mais commençons tout d’abord par les Jeux Olympiques...
Mais commençons tout d’abord par les Jeux Olympiques...
Beaucoup de spectateurs et d’experts ont dit que ces Jeux
ont été parmi les meilleurs de l’histoire. Que pensez-vous de l’organisation de
ces Jeux ? En termes de logistique ? De conditions dans le village
olympique ? Quel est votre ressenti par rapport à l’organisation de ces
Jeux ?
Oui, en effet ces Jeux se sont très bien passés, l’organisation
était très bonne. Après c’est vrai qu’à titre de comparaison avec Pékin, je
pense que les chinois aussi avaient réussi leur JO. Pour Londres, je ne dirai
pas que c’est mieux, mais disons qu’ils ont pu égaler ce qui s’était fait à
Pékin. Mais c’étaient des Jeux magnifiques, il n’y a rien à dire à ce
niveau-là, le village Olympique était très bien et tout s’est bien passé. Ces
Jeux ont été de grands Jeux.
Nous avons également constaté que les stades étaient tout le
temps pleins. Vous qui avez participé à 3 campagnes olympiques, qu’avez-vous pensé
de l’ambiance de ces Jeux-là ? Y avait-t-il un engouement particulier ?
Oui, surtout pour la piste. Le vélodrome était effectivement
rempli et les anglais faisaient énormément de bruit, surtout lorsqu’un britannique
était en lice. C’est vrai qu’il y avait un engouement très fort pour le
vélodrome, on a même vu des personnalités venir assister aux compétitions sur
piste. On sentait vraiment que le pays entier était derrière les pisteurs
britanniques.
Et ça, c’est quelque chose que vous n’aviez pas retrouvé
dans les Jeux précédents ?
Non ce n’était pas comme ça avant, c’est vrai qu’à Pékin,
les gens ne s’intéressaient pas trop au cyclisme, à Athènes non plus, et là c’était
exceptionnel, on sentait vraiment une nation entière derrière les athlètes et
puis il faut dire que les résultats ont suivi pour eux puisqu’ils ont ramené
beaucoup de médailles dans ces disciplines, ils ont presque tout gagné.
Vous nous aviez dit lors de la précédente interview que vous espériez
un podium olympique et pourquoi pas l’or. Que ressentez-vous après votre prestation ?
Je termine 8ème donc ce n’est pas l’objectif, l’objectif n’est
pas atteint. C’est vrai que j’avais ramené une médaille olympique à chaque
olympiade à laquelle j’avais participé (Athènes et Pékin). C’est pour cela qu’à
Londres, je partais avec de vrais objectifs et de vraies chances de médailles
puisque j’avais terminé troisième de la coupe du monde pré-olympique en février
sur cette piste à Londres, donc le podium était envisageable et la médaille d’or
possible mais bon je finis 8ème.
Alors oui c’est un échec parce qu’après
beaucoup de préparation, beaucoup d’entrainements lorsque l’on n'arrive pas à
atteindre ses objectifs on est forcément déçu. Après c’est le sport, ce n’est
jamais évident parce que le niveau est très relevé et ça se joue à pas grand-chose.
C’est comme ça et maintenant il faut arriver à digérer tout ça et à passer à
autre chose, mais ce sont des moments qui ne sont pas très agréables à vivre.
Lors de votre élimination en demi-finale, on vous sentait devant quasiment toute la course et puis finalement vous terminez à la 4ème place. Racontez-nous votre course et vos sensations. Aviez-vous une tactique
particulière ?
Tout d'abord, il faut voir qu’il y avait dans cette
série l’allemand Maximilian Levy qui était sans doute l’un des deux plus forts
du tournoi, et qui était vraiment en forme et très costaud. Pour ce qui est de
la tactique, je n’en avais pas une précise dans ma tête mais je n’avais pas
envie de me retrouver derrière lui au moment où le sprint allait se lancer
parce que je savais que ça pouvait être compliqué de le passer.
J’ai donc
décidé de prendre la tête de la course assez tôt pour pouvoir essayer de
contrôler l’allemand et le laisser derrière moi. Après, est ce que je suis parti un peu tôt, ou est ce qu’il m’a manqué un peu de fraîcheur physique sur la fin
de la course c’est difficile à dire, mais Maximilian Levy a bien joué le jeu,
il était très costaud et est bien revenu sur moi.
Ensuite, il a fait l’effort
de me passer et d’amener dans sa roue les autres coureurs. Ces circonstances de
course ont fait que je termine 4ème de la demi-finale et c’est vrai que lui a
fait exprès de s’écarter un petit peu au dernier moment pour que l’australien s’intercale
entre lui et moi, ce qu’il fait que ce dernier me double aussi donc voilà. Ce
sont des petits détails qui font qu’au final je termine 4ème.
On aurait
recouru la course dix fois, il y aurait eu dix résultats différents…C’est vrai
que ça remet en question beaucoup de choses, mais lorsqu’on regarde la course
on voit que ça ne se joue pas à grand-chose.
Pour participer à l’épreuve de
keirin, il fallait que vous soyez au départ de l’épreuve sur route. Cela a énormément fait jaser avant les Jeux. Que pensez-vous
de cette règle qui semble quelque peu obsolète ? Cela vous a-t-il ajouté
une pression supplémentaire ?
Moi dans cette décision je n’y étais
pour rien, je me suis qualifié pour mon épreuve de keirin. Après la fédération
a dû avoir recours à ce stratagème pour que je puisse courir le keirin. Avec le
recul c’est vrai que ce n’était pas une situation facile à vivre parce que sur
mes épaules reposait un résultat, tout le monde attendait une médaille au
keirin, donc oui cela a ajouté une pression mais après je ne peux pas dire que
c’est à cause de ça que je termine 4ème de la demi-finale et que je ne me
qualifie pas pour la finale. Mais disons que c’est tellement compliqué de
ramener une médaille des Jeux, qu’il faut mettre toutes les chances de son côté
et on ne peut pas dire que cette situation ait été idéale.
Après de là à savoir
quelle part cette règle prend au niveau de l’échec je ne pourrais pas le
dire mais c’est vrai que ce n’était pas certainement les meilleures conditions
pour réussir.
Quels sont désormais vos objectifs ?
Vous préparez-vous pour les prochains championnats du monde ? Dans quel
état d’esprit êtes-vous actuellement ?
J’ai repris l’entrainement assez
tard et là je me maintiens en forme, j’essaie de faire des exercices et des
activités un peu différentes pour casser la routine. C’est très compliqué après
des Jeux de se relancer, de repartir. D’autant plus qu’actuellement au niveau
fédéral il y a un gros flottement, on se retrouve
sans entraîneur sur la piste de Hyères, on se retrouve un peu livré à
nous-mêmes. La Fédération n’a pas vraiment d’objectifs, on ne sait pas vraiment
où ça va. Tout cela fait qu’actuellement c’est un peu compliqué. On essaie donc
de se débrouiller et de s’entraîner pour garder un rythme et le niveau mais
pour l’instant les objectifs ne sont pas clairs. Par exemple, nous ne
connaissons pas les modalités de sélection pour les championnats du monde.
Quel est, de ce fait, l’emploi du
temps type de Mickaël Bourgain en ce moment ?
Pour l’instant, je suis aux « 6
jours de Grenoble » jusqu’au 28 octobre, j’ai eu quelques compétitions ces
deux derniers mois. Sinon, évidemment je m’entraîne tous les jours
(musculation, piste) pour garder mon niveau pour ne pas repartir de trop bas
lorsqu’il faudra repartir à 100%.
Avant les JO, la SNCF vous avait
détaché pleinement pour votre préparation. Qu’en est-il actuellement ? Avez-vous
trouvé une activité au sein de la SNCF ?
En fait mon CDD se termine le 31
octobre, c’est-à-dire ma période de détachement accordée par la SNCF, et
ensuite je vais donc passer en contrat CDI, je verrai avec Véronique Carlier, qui gère les
sportifs de haut niveau, sur quel poste je pourrai être affilié. Pour pouvoir
préparer mon après carrière et que je continue à m’entraîner. Pour l’instant je
n’en sais pas plus, mais ça devrait bouger rapidement...
Voilà, nous arrivons à la fin de l’interview.
Nous tenions à vous remercier pour votre disponibilité, votre sympathie et
votre humilité, si rare aujourd’hui pour des champions comme vous.
Nous vous souhaitons bonne continuation dans votre carrière et dans votre
aventure à la SNCF !
Interview réalisée par
Jean-Baptiste CALUCCI
Super interview, bravo !
RépondreSupprimerIl a la classe ce Bourgain. Il avait de l'ambition pour ces JO, il a malheureusement pas atteint son objectif et il le reconnaît sans se chercher d'excuse. C'est ça un champion !
RépondreSupprimerC'est un vrai sportif comme on les aime, avec des valeurs et du respect. Il est fairplay et loin d'être mauvais perdant. Il a vraiment une belle mentalité ce Bourgain ! Si tous nos sportifs étaient comme ça... ce serait un grand bonheur, et une vraie fierté :)
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